Théâtre: la comédie musicale Hairspray, c'est du panard laqué !
Les comédies musicales m'emmerdent.
Ou plus exactement les comédies musicales tel qu'on les conçoit en France m'emmerdent. Celles inspirées par les livres d'histoire, où l'on dit qu'amour rime avec toujours qu'aimer, c'est ce qu'il y a de plus beau et qui cherchent à nous vendre un tube triste et prétentieux qui devra passer à mort sur NRJ. Pas la peine de donner d'exemples, on sait tous de quoi je parle.
Mais fort heureusement depuis ces dernière années, un vent nouveau souffle sur nos salles de théâtre parisiennes. En effet, après s'être établi depuis bien longtemps à Londres, Broadway semble désormais étendre son avenue jusqu'à chez nous avec plusieurs comédies musicales à grand succès décinées dans la langue de Molière. On peut citer Le Roi Lion, Spamalot d'après les Monty Pythons et mené par Pierre-François Martin Laval ou encore Mamma Mia d'après les succès d'Abba joué actuellement à Mogador .
Dernier produit de cette école américaine: Hairspray, basé sur le film de John Waters que France 2 avait diffusé en décembre dernier.
L'histoire reste la même. Nous sommes en 1962 à Baltimore. La jeune Tracy, lycéenne boulotte et sympathique n'a qu'un rêve dans la vie, passer dans l'émission "The Corny Collins Show" pour y faire quelques pas de danse et si possible emballer Link, le danseur vedette du programme.
Ca peut paraitre vieillot, voire ringard dans la mesure où la dernière fois qu'un spectacle a cartonné avec de la musique des années 60, c'était la tournée "Âge tendre et tête de bois". Et pourtant, Hairspray est sacrément enthousiamant et pour plusieurs raisons.
D'une part, sur la forme, c'est un spectacle déjà rodé aux USA et en Angleterre, donc à priori, si c'est estampillé Broadway, on peut y aller en confiance. Mais ensuite, contrairement aux spectacles à la française, on est la pour sourire et pas se prendre la tête à vouer ses nuits à l'assassymphonie. Hairspray, c'est rempli de costumes de couleurs vives et de choucroutes sur la tête, avec un humour décomplexé qui fait mouche. Il y a dans les chorégraphies et les mélodies - jouées en live - le côté insouciant de l'époque qui fait plaisir à voir. D'ailleurs personnellement, je trouve la chanson d'ouverture "Good morning Baltimore" très accrocheuse, captant tout de suite votre attention et vous plongeant tout de suite dans le bain.
D'autre part, dans le fond, il est vrai que l'histoire a des références très américaines et un contexte très ancien. Et pourtant, même si ça n'est pas voulu, ce regard vers le passé permet de parler du présent avec étonnamment des résonnances en France.
Contrairement à un équivalent comme Grease, Hairspray est aussi là pour dénoncer des préjugés sur 2 axes. En effet, Tracy est loin d'avoir la taille mannequin et lorsqu'elle vient à la télé pour montrer qu'elle a du talent, les moqueries sur son poids fusent et elle lui faut lutter un peu plus pour s'imposer. Ce n'est pas Luce de la Nouvelle Star ou Magalie Vaé qui diront le contraire.
L'autre axe abordé dans la pièce est celui des races car en 1962, les noirs sont toujours aux bancs de la société et la pièce montre la danse comme un moyen de rapprocher tout ce monde. Certes, ce type de racisme n'existe plus aux USA (Obama ! Obama !) mais ici, il n'y a qu'à voir l'affaire des quotas de dans le foot français pour bien voir que la situation n'est pas complêtement réglé chez nous.
(Le Casting français)
Mais aussi grave soit le thème de la discrimination et du racisme, tout cela est traité de manière légère et chorégraphiée afin que l'on ressorte de là avec la pêche, la patate, la banane, ce qui vous fait déjà 3 des 5 fruits et légumes à consommer par jour.
A signaler que ça dure quand même 2h30 avec entracte (prévoyez-vous toute la soirée, quoi). Mais si le coeur vous en dit, en plus du programme, vous pouvez repartir avec la laque officielle Hairspray pour vous dire des choucroutes comme dans la pièce.
Hairspray se joue actuellement au Casino de Paris et vous trouverez tous les renseignements ici
vous pouvez aussi trouver des places moins chers sur Billetreduc (mais ça reste entre nous).